Vivre à Wellington : Mon expérience d’Expatriée en Nouvelle-Zélande
En 2015, je fais mes valises pour un autre hémisphère. Après une première expatriation aux États-Unis, cette fois, c’est la Nouvelle-Zélande qui m’appelle, et plus précisément sa capitale, Wellington. Alors que je partais initialement pour six mois, j’ai finalement été amenée à habiter un an et demi au sein de la capitale néo-zélandaise. À quoi ressemble la vie là-bas, dans cette ville du bout du monde ? Est-il agréable de vivre à Wellington ? Est-il facile de s’adapter lorsqu’on est français ? Je vous propose de découvrir cette ville au travers de mon récit d’expatriée en Nouvelle-Zélande.
Arrivée à Wellington et premières impressions
Lorsque j’atterris pour la première fois dans la capitale néo-zélandaise, je ne sais pas trop à quoi m’attendre. Je suis partie un peu du jour au lendemain, et entre toutes les démarches administratives et un déménagement précipité, je n’ai même pas pris le temps de faire quelques recherches sur la ville qui allait devenir mon nouveau chez-moi. C’est donc la découverte totale. Je n’ai aucun a priori, seulement de débarquer dans la capitale la plus au sud du monde, située sur la péninsule de l’ile du Nord.
Un accueil mémorable au pays des Kiwis
Durant mes premières semaines, j’habite chez un couple de retraités qui ont grandement l’habitude d’accueillir des expatriés et autres woofers. Leur maison se situe dans Karori, un petit quartier résidentiel très calme sur les hauteurs de la ville. Dès mon premier jour, ni une ni deux, ils m’embarquent et m’emmènent au sommet d’une colline afin que je puisse apprécier un premier point de vue sur la capitale des Kiwis. Je découvre alors la ville sous mes pieds.
Depuis ce point de vue, on aperçoit bien le CBD avec ses quelques buildings, la baie de Wellington sur fond de sommets montagneux, et des collines à perte de vue, parsemées de petites maisons semblables les unes aux autres.
Quelle chance, il fait beau… ! J’apprends par ailleurs que ce n’est pas le cas tous les jours, et qu’à Wellington, mieux vaut profiter du soleil quand il montre le bout de son nez. Ils me fournissent toutes les informations dont je pourrais avoir besoin : le fonctionnement des transports en commun, où trouver certains services essentiels, quelques idées de balades. Aucun doute sur le fait que les Kiwis ont le sens de l’accueil : je me sens bien aiguillée et en confiance pour découvrir la ville par moi-même.
Première balade en ville
L’après-midi, j’en profite pour faire un tour dans le centre pour découvrir un peu plus Wellington. Premier arrêt, le CBD. Je dois dire que cette partie de la ville me laisse une impression un peu mitigée : c’est froid et inesthétique, la vie paraît absente de ces larges avenues, elles-mêmes vides de circulation. Il semblerait qu’on y trouve uniquement des bureaux et des boutiques, principalement de vêtements. Aïe, la capitale des Kiwis serait-elle une ville fantôme ?
Je m’y attarde peu et me dirige vers Te Aro, qui semble finalement être le véritable cœur battant de Wellington, du moins son cœur social ! Sur Te Aro, on trouve davantage d’animations, des restaurants, des bars, des coffee shops. Il y a plus de couleurs, et définitivement plus d’ambiance.
Habiter à Wellington : à la découverte des différents quartiers de la ville
Sur ces 18 mois à vivre à Wellington, j’ai déménagé près de cinq fois (oui, c’est beaucoup !). L’avantage, c’est que j’ai toujours atterri dans un quartier différent. J’ai même fais l’expérience d’habiter dans ma voiture entre deux plans logement un peu bancals. Ne soyez pas choqués : en Nouvelle-Zélande, ce genre de pratique est très démocratisé !
En maison, tu vivras…
En bonne française que je suis, j’imaginais en arrivant me trouver un petit appartement en centre-ville, un genre de studio ou une petite colocation. Sauf qu’à Wellington, ce n’est pas franchement la norme : rares sont les gens qui vivent dans l’hyper centre, encore moins en appartement. Ici, le mode d’habitation par défaut, c’est la maison en bois entourée d’un petit jardin, qu’on partage entre colocs ou en famille. Et au regard de l’écrasante majorité d’annonces de colocations dans ce style-là, j’ai suivi la tendance locale.
Après quelques semaines à Karori chez mes retraités préférés, je déménage pour le quartier de Hataitai, de l’autre côté de la ville, ou plutôt sur la colline opposée. Si l’on se débrouille bien, on peut trouver dans ce quartier une maison avec vue sur l’aéroport. Original, non ? Personnellement, j’adore voir les avions atterrir et décoller. Mais dommage, ce n’était pas le cas de là où j’habitais.
C’est donc dans cette maison que je découvre les « joies » du logement néo-zélandais : pas d’isolation, le froid et l’humidité rentrent par tous les côtés, le chauffage est quasi-inexistant. Au mieux, on trouve une pompe à chaleur dans la pièce principale (et encore, c’est le grand luxe !). Mais le plus souvent, elle sert surtout de déco, car elle pompe encore plus vite votre compte en banque si l’on se risque à l’allumer. Bref, c’est ça de vivre à Wellington : on se caille à l’intérieur.
J’ai ensuite habité dans la Hutt Valley, à Lower Hutt plus précisément, pour me rapprocher de mon travail. Je me rends vite compte de mon erreur. Dans la Hutt Valley, il n’y a vraiment rien, à part des maisons, encore des maisons, toujours des maisons… et quelques supermarchés (il faut bien manger !). Il y fait même encore plus froid qu’en ville. Bref, je n’ai pas fais long feu et j’ai ensuite trouvé une colocation dans un quartier de Wellington qui me faisait de l’œil depuis longtemps : Aro Valley.
Aro Valley : Un petit quartier qu’il est mignon
Déjà, il faut savoir qu’Aro Valley est situé tout près du centre, de Te Aro et la fameuse Cuba Street. J’avais déjà un très bon aperçu de ce quartier, mes multiples errances urbaines m’ayant conduites plusieurs fois vers celui-ci. Je trouvais ce quartier joli, sain, lumineux (alors que c’était bel et bien une vallée, il faut le faire !), positif… Je me suis donc fait un cheval de bataille d’habiter à Aro Valley.
J’ai finalement réussi à trouver une colocation dans une petite maison de quatre chambres. Seule ombre au tableau : il y faisait plus froid que froid. La maisonnette était très mal exposée, pas isolée (comme d’hab) et on avait un mal fou à chasser l’humidité. Et comme le propriétaire décida un jour de but en blanc d’augmenter le loyer de manière indécente, nous avons tous quitté le navire. Dommage, je commençai à avoir mes petites habitudes, à tester des coffee shops et autre cours de yoga quelques rues à peine plus loin. C’était également super pratique pour sortir le soir à Wellington : à 10 minutes à pied de Cuba Street, pas besoin de taxi pour rentrer.
Roseneath : le retour vers les hauteurs
Après deux mois par-ci, trois mois par-là… J’avoue que je commençais à n’en plus pouvoir de déménager. Bon, après tout, le loyer est à la semaine et ce n’est pas comme si j’avais des meubles à trimballer à chaque fois d’un bout à l’autre de la ville. L’essentiel de mes affaires tenaient largement dans mon vieux break Subaru. Mais quand même : il me restait six mois en Nouvelle-Zélande, et j’avais envie de quelque-chose de stable.
Et là, comme si les étoiles s’étaient alignées, le plan parfait tombe du ciel : l’un de mes collègues de travail m’informe qu’une chambre s’est libérée chez lui. Il vivait à Roseneath dans une magnifique maison suspendue sur les collines, juste au-dessus d’Oriental Bay. Avec une vue incroyable sur la baie de Wellington, un grand salon exposé nord (rappelons qu’en hiver dans cet hémisphère, le soleil est au Nord) et une chambre idéalement fournie, je n’hésite pas une seconde et emménage à Roseneath pour mes six derniers mois. Après un an de déménagements intermittents, c’était un peu mon happy ending.
Vivre à Wellington et se réinventer une petite routine
Pour être franche, j’ai mis un certain temps à apprécier cette ville à sa juste valeur. Cela n’a pas été le coup de foudre, mais plutôt une relation que l’on construit doucement pour qu’elle devienne plus solide avec le temps. Il faut dire que je suis arrivée au mois de mars, à l’aube de l’hiver, et que la ville m’a glacée. Puis, avec tous ces déménagements d’un bout à l’autre de la ville, je n’ai pas réussi à trouver ma place tout de suite. Ce qui a aidé, c’était de vivre avec des gens qui connaissaient bien la ville et me l’on fait découvrir sous un autre angle. Avec du recul, je pense que c’est indispensable lorsqu’on s’expatrie : savoir s’entourer de véritables connaisseurs.
En vivant à Wellington, il ne faut pas s’attendre à trouver des équivalents français pour tout : c’est mission impossible. Wellington est une ville qui obéit à sa propre logique. Au départ, beaucoup de choses nous semblent déroutantes : les transports en commun sont mal fichus (et hors de prix), on a un mal fou à trouver de la nourriture à son goût (de français), on butte sur le prix de la bière (même si elle est délicieuse, il faut avouer) ou sur celui des forfaits téléphone. Bref, on manque cruellement de repères.
Puis on s’en créé d’autres. On reconnaît lorsque le vent a tourné au bruit qu’il fait. On sait où dénicher le meilleur burger de la ville et l’accompagner de la meilleure bière. On klaxonne en passant sous le tunnel du Mont Victoria. On a conscience qu’une simple balade peut devenir une excursion et on aime ça. On retourne encore et encore au musée Te Papa pour continuer à s’imprégner de la culture néo-zélandaise. On ne rate sous aucun prétexte l’happy hour sur Cuba Street et Courtnay Place. On apprécie de pouvoir se balader seul(e) à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, sans craindre pour sa sécurité. On oublie de fermer sa voiture à clé sur le parking du Pack’n’Save. On profite dès qu’il y a un peu de soleil car on sait que ça ne va pas durer.
On l’appelle aussi Windy Welly : les caprices du climat de Wellington
Le climat local, on en parle ? C’est assez simple : si on devait le résumer en un mot, ce serait le vent. Il faut savoir que rares sont les jours au cours desquels le vent ne souffle pas sur la capitale néo-zélandaise. Et quand on parle de vent, ce sont plutôt de rafales dont il est question ! D’après le MetService (institut météorologique néo-zélandais), on compte en moyenne 178 jours par an avec des rafales supérieures ou égales à 63 km/h. Cette statistique impressionnante hisse Wellington au palmarès de la ville la plus venteuse au monde.
Ce que l’on remarque très rapidement, c’est que ce climat particulier est fortement imprégné dans le folklore local. Autour de la ville, on compte de nombreuses sculptures et autres monuments ayant trait au vent. Le matin, on se prépare et s’habille en fonction du bulletin météorologique. D’ailleurs, rares sont les gens qui ne l’écoutent pas ! À Wellington, la météo est une préoccupation quotidienne, un sujet de conversation sérieux entre collègues à la pause café. Tantôt source d’humour ou source d’inquiétude, le temps peut conditionner la plupart des choix effectués au cours de la journée. Ceci dit, le véritable Wellingtonien sait que le parapluie ne lui servira à rien sous les rafales et accepte tout bonnement de rentrer trempé une fois de temps en temps. Lorsque l’on devient capable de braver les éléments comme un Kiwi, c’est un sérieux signe que l’on commence à réellement s’intégrer à ce pays.
Les Kiwis : la zen attitude incarnée
Ce n’est pas une légende : les Néo-zélandais sont sympas, souriants et positifs. Ils n’ont pas pour habitude de râler comme nous autres Français. Ils sont facilement détendus et acceptent volontiers les choses comme elles viennent sans s’en plaindre.
Il n’est pas rare qu’en payant vos courses au supermarché, le caissier vous demande comment s’est passée votre journée. Que le chauffeur de bus fasse un effort supplémentaire pour vous déposer quelque-part, car vous semblez perdu. Ils ont également un vrai sens de l’humour, et s’appliquent à mettre de la légèreté dans tout ce qu’ils font.
Les Kiwis sont des personnes simples et tranquilles. Ils vous diront combien ils aiment leur ville et leur pays. Ils auront toujours de bons conseils à donner au nouveau venu. Ils ne sont jamais agressifs, tout simplement car ils n’ont pas vraiment de raisons de l’être : le stress et la pression ne font pas parti de leur mode de vie.
En revanche, j’ai trouvé qu’il n’était pas si facile de nouer des relations durables avec eux. Je pense que ce sont des gens discrets, qui aiment vivre leur vie sans trop d’interférence. Alors si vous n’avez pas l’intention ferme de vous installer en Nouvelle-Zélande, vous ne figurerez pas forcément en tête d’agenda. C’est du moins ce que j’ai ressenti après un et demi de vie là-bas. Finalement, la plupart de mes amis étaient expatriés comme moi, plus ou moins en transit, et de différentes nationalités. L’un des gros avantages à vivre à Wellington, c’était la facilité des rencontres entre expats : on trouve beaucoup d’évènements organisés via des sites comme MeetUp ou Couchsurfing. La communauté des expatriés étant assez importante, les possibilités de rencontres sont nombreuses.
Une capitale du bout du monde
Wellington est une ville située au bout de la péninsule d’une ile, elle-même à minimum 3 heures d’avion du continent ou de l’île la plus proche. Et il faut s’en rappeler, car ce n’est pas seulement une réalité géographique : on ressent parfois cet isolement.
Vivre à Wellington, c’est un peu comme faire une retraite à l’écart du monde. Ça peut avoir des avantages, notamment si c’est ce que l’on recherche, mais ça peut également devenir pesant à la longue. J’irais même jusqu’à dire que c’est la raison pour laquelle je ne serais pas restée vivre en Nouvelle-Zélande indéfiniment. On parfois a l’impression d’être « trop loin de tout » et de passer à côté de certains aspects que l’on retrouverait dans une ville européenne ou plus continentale. D’être déconnecté en permanence.
J’ai également compris que pour apprécier pleinement cette ville, il faut savoir comment s’en échapper de temps en temps. J’ai fini par trouver mon compte en intégrant la randonnée à mon mode de vie. Depuis Wellington, il est possible de faire quelques belles randonnées à environ une heure de route, dans la chaîne de montagne des Tararuas ou dans les Rimutakas. Le temps d’un week-end, je rejoignais le site du Taranaki ou encore le magnifique parc national du Tongariro et ses paysages volcaniques époustouflants. En revanche, pour se rendre dans l’ile du Sud, et même si celle-ci ne se situe qu’à trois heures de ferry de la capitale, mieux vaut avoir un peu de temps devant soi : trois ou quatre jours minimum, afin de ne pas avoir l’impression de faire beaucoup de trajet pour peu d’activité.
Vivre à Wellington, c’est faire l’expérience de vivre loin, et dans une capitale à taille humaine. On peut croire en avoir fait le tour en à peine quelques jours, et pourtant, c’est après plusieurs mois que cette ville a commencé à me révéler ses secrets. Ses petits coins cachés, ses sentiers dissimulés, la joie de vivre de ses habitants et son côté très éclectique. La beauté d’une capitale sauvage et bon enfant, et qui tient à le rester !