
Confessions d’une matérialiste devenue minimaliste grâce au voyage
S’il y a bien une chose fondamentale que le voyage m’a appris, c’est à me détacher du matériel. À me rendre compte que le bonheur n’était pas corrélé à la quantité de choses que l’on possède. Que c’est même plutôt l’inverse : posséder trop fini bien souvent par nous nuire, voire par nous voler notre liberté. En voyage, cela se vérifie encore plus vite, car une grosse valise ou un sac trop lourd pèsera comme une contrainte. Pire : cela nous pousse à prendre des décisions que nous n’aurions pas prises lorsqu’on voyage léger. Je l’ai appris à mes dépends, en voyageant bien souvent trop chargée. Heureusement, le voyage a cela de magique qu’il transforme notre rapport aux objets et au matériel. Il nous enseigne un nouvel art de vivre sur le long terme : celui du minimalisme.
La taille de notre valise est égale à celle de nos peurs
Lors de mon départ aux Etats-Unis, ma première expatriation, j’ai voulu embarquer toute ma maison avec moi. J’ai même acheté une valise flambant neuve pour l’occasion, avec une coque bien rigide, un système de verrouillage et tout. Mon plus grand cauchemar à l’époque ? Que ma valise ne soit pas là lors de mon arrivée. Jusque-là j’ai eu de la chance, car ça ne m’est jamais arrivé (je touche du bois !). Mais je pense que si ça avait été le cas, en particulier lors de mes premiers voyages, je me serai vraiment sentie à nue. Complètement dépossédée, sans identité propre, une anonyme dans la rue.
On dit souvent que la taille démesurée de notre valise est égale à celle de nos peurs. Mais de quoi avons-nous réellement peur au fond ? On accuse souvent la peur de manquer comme responsable du fait d’emporter trop avec soi. Personnellement, je pense qu’il s’agissait surtout de la peur d’affronter l’inconnu. La présence de nos affaires personnelles nous rattache à ce qui nous est familier, elle nous rassure, nous donne un sentiment de sécurité. Et cela se vérifie souvent : plus on a peur, plus on embarque d’affaires avec soi. C’est presque une loi mathématique.
Faire l’expérience du minimalisme… en plusieurs voyages
Si comme moi vous êtes du genre attaché à vos affaires personnelles, il vous sera difficile de partir avec quasiment rien pour votre premier voyage. Ce n’est pas grave. Je suis convaincue qu’il vaut mieux faire les choses à son rythme, ne pas se forcer à se séparer trop vite de certaines affaires si l’on sent qu’on en a besoin pour nous aider à prendre confiance. L’art du minimalisme vient avec le temps et l’expérience. Et avec certaines erreurs que l’on commet. Que l’on répète aussi.
Personnellement, je ne suis pas devenue minimaliste en voyage du jour au lendemain. Mon expérience d’un an aux Etats-Unis ne m’avait pas encore vaccinée contre la maladie du « j’emporte trop ». Lors de ma deuxième expatriation (la Nouvelle-Zélande), je suis repartie encore une fois avec une valise bien remplie.
Ce n’est que lors de mon troisième départ que j’ai enfin franchi le pas. Ma motivation ? J’allais enchainer avec un voyage en Asie pendant plusieurs mois. Impossible donc de me surcharger cette fois, ou j’allais franchement le regretter. C’est ainsi que j’ai troqué ma grosse valise contre un sac à dos et que j’ai réembarqué pour la Nouvelle-Zélande, cette fois avec seulement 13 kilos. Il n’était toujours pas parfait, et je me suis retrouvée plusieurs fois à larguer du leste, mais je sentais que je me rapprochais du but.

Arrêter de porter « le poids du monde sur ses épaules »
Vivre au quotidien avec juste un sac à dos contenant uniquement l’essentiel a vraiment changé ma vision des choses. Je n’avais que 5 ou 6 t-shirts, 2 ou 3 pantalons/shorts, deux paires de chaussures, une semaine de sous-vêtements et j’ai du « faire avec » pendant presque deux ans. Au début je refusais d’acheter de nouvelles choses pour des raisons seulement pratiques : je ne voulais pas m’encombrer davantage. J’allais très rarement faire du shopping : jamais pour le plaisir et uniquement lorsque j’avais vraiment besoin de quelque-chose.
Petit à petit, ce qui était au début une restriction est devenu quelque chose de naturel. Je me suis rendu compte que je pouvais parfaitement vivre avec seulement quelques affaires pour la semaine. Qu’en possédant moins, j’étais finalement plus libre. J’ai compris que ce que l’on appelle « l’encombrement » n’était pas qu’une chose matérielle : lorsqu’on s’encombre d’affaires, on encombre aussi son esprit. On a plus de choses à gérer, plus de poids sur ses épaules. Au sens propre comme au sens figuré.
Retour de voyage et prise de conscience
Lorsque je suis rentrée d’Asie, je me rappelle avoir ouvert mes placards, toute contente de retrouver mes petites affaires que je n’avais pas vues depuis si longtemps.
Mais au lieu de bondir de joie, je me suis retrouvée effarée par ce qui se trouvait devant mes yeux : des tonnes et des tonnes d’affaires que j’avais accumulé pendant des années et qui étaient restées là, à m’attendre dans un placard fermé. D’un coup, c’est comme si je ne me comprenais plus : je m’étais bien passée de toutes ces affaires pendant deux ans, alors pourquoi en avoir autant ? J’ai commencé par vider frénétiquement ce trop-plein d’affaires, remplissant des sacs poubelles qui partiraient ensuite à différentes associations caritatives, car je ne supportais plus la vision d’un placard surchargé.
Le pire, c’est que j’étais rentrée en pleine période des soldes, au début de l’été. J’étais donc tombée pendant le festival des achats compulsifs et de la surconsommation. Pour la première fois, je me demandais ce qui pouvait pousser les gens à passer leurs journées à dévaliser les magasins, juste sous prétexte que les prix étaient légèrement inférieurs à d’habitude.

Qu’on soit bien clairs : je ne souhaite ici jeter la pierre à personne : les soldes, je les ai faites moi aussi pendant longtemps ! Mais en y repensant à deux fois, je me rends compte que mes motivations pour le faire n’avaient aucun sens. J’achetais pour… acheter. Je me contentais de suivre les codes de la société de consommation, enracinées dans mon cerveau depuis mon plus jeune âge. Je n’avais pas l’habitude de me poser sincèrement la question :
« Ai-je vraiment besoin de cela ? Qu’est ce que cette chose va m’apporter en plus dans ma vie que je ne possède déjà ? »
Un cheminement différent pour chacun
Je n’ai pas écris cet article pour vous inciter à ne plus rien acheter. Notre rapport à la consommation étant différent pour chacun, le but est plutôt de parvenir à un équilibre qui nous convienne et nous corresponde. Certains auront besoin de très peu, d’autres d’un peu plus. Ainsi va la vie. Je ne vois par exemple aucun mal à collectionner les jolies choses lorsqu’on est un véritable passionné. En revanche, il me paraît essentiel de prendre conscience de ce qui nous pousse à consommer. Et à partir de là, tenter de supprimer les « mauvaises raisons », car elles ne répondent pas à ce que nous aspirons au fond de nous-même.
Le voyage permet de se remettre face à cette réalité. Il nous pousse à réaliser que nous n’avons pas besoin de tant de choses pour être heureux. Il change notre rapport à la consommation et nous permet de revenir à l’essentiel.
C’est en défaisant et refaisant mon sac chaque jour, en ayant constamment son contenu sous mes yeux que j’ai réussi à prendre la mesure de ce qu’est « l’essentiel ».
Aujourd’hui, je continue de me poser les mêmes questions que lorsque j’étais en voyage. Je tente d’appliquer les principes du minimalisme dans la vie sédentaire, même si j’essuie parfois quelques entorses. Parvenir à en récolter encore les fruits aujourd’hui est un réel cadeau du voyage.
Et pour vous ? Le voyage a t-il transformé vos habitudes de consommation ? Qu’est ce qui a changé depuis ?


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